De Darren j’ai tout vu. Enfin il a pas fait 1000 films non plus. Pi, 1998 un thriller sur un mathématicien en noir et blanc très novateur, Requiem for a dream, 2000 sur l’addiction à mort une oeuvre majeure des 1O dernières années, The Fountain, 2006 un film sur l’Amour éternelle, The Wrestler, 2009 sur la rédemption et le retour à la vie, et maintenant un an seulement après, Black Swan.
Ce que je vois, après avoir mûri ma réflexion, c’est que le réalisateur a trouvé sa voie. Comme si ses trois premiers long-métrages étaient une réflexion sur la vie en général et la recherche de sa propre perfection. Visuellement, il avait atteint le sommet avec The Fountain, après un Requiem anthologique dans sa mise en scène.
The Wrestler était son pardon. Les 6 années de gestation de The Fountain l’avait mis à mal, il a souffert et on le voit très bien avec ce Mickey Rourke au bord du gouffre. Il a affiné sa mise en scène, en enlevant tout artifice, et sort un film brut de décoffrage. Une baffe de sentiment. Et jamais des dos n’ont été filmés comme des visages, et Darren l’a fait. Çà devient flippant tellement c’est beau.
Black Swan est à mon humble avis le paroxysme de son oeuvre. Et on y reviendra plus tard, mais quelque part sa recherche de la perfection s’arrête à ce film, en terme de technicité.
Black Swan c’est la naissance d’une femme. Une danseuse du New York City Ballet, Nina (Natalie Portman), dont la mère tyrannique reflète ses ambitions perdues sur sa fille, se voit choisi pour interprêter le rôle principale du Lac des cignes de Tchaïkovski. Son rêve est atteint. Elle est le cygne blanc parfait, innocente et gracieuse. Mais doit travailler son cygne noir, sa sensualité. Le directeur artistique du ballet, Thomas (Vincent Cassel), va la pousser à sortir de son enfance. L’arrivée d’une nouvelle danseuse, Lily (Mila Kunis), sa rivalité avec cette doublure, poussera Nina à affirmer son côté noir. Et puis il y a ces égratignures sur son épaule…
Oui il y a beaucoup de danse. Mais la façon dont est filmé chaque scène de répétition, de danse, etc, nous fait oublié ce côté là et on ne voit plus que la claque de la mise en scène. Tout est filmé à l’épaule, la caméra bouge, suit les personnages au plus près. Mon sentiment pendant la projection était que je me trouvais avec eux. Derrière eux plus exactement comme un voyeur. Car Darren filme ses acteurs le plus souvent en gros plan, jusqu’au épaule, et très souvent de dos. On est dans avec eux, on souffre avec eux.
L’histoire n’avance pas bien vite. Mais c’est normal pour un thriller psychologique. Tout est posé très vite, et on passe les trois quarts du film à chercher le pourquoi du comment. Manipulateur, guide, amant, on est baladé par Thomas. Pourquoi sa danseuse vedette par si jeune en retraite? Qui est Lily pour qui tout paraît si simple? Que veut réellement sa mère à dessiner sa fille sous forme abstraite et sombre? Et bon sang, pourquoi ses égratignures ne disparaissent pas?
On ne comprend pas tout, mais on reste fasciné de la première minute au final magistral. Car oui le film accouche, tout comme sa danseuse, à une fin si puissante que on ne s’en remet pas comme çà. Nina donnera naissance à ce quelle possède au fond d’elle même.
Quand je voulais parlais de la recherche de la perfection pour Darren, Tout son film n’est en fait basé que sur ce cheminement vers le parfait. Nina est parfaite. Mais justement cela ne fait pas d’elle une étoile. Thomas lui répète sans arrêt de se lâcher, de laisser son perfectionnisme pour devenir une femme émouvante et sensuelle, que l’on a « envie de baiser ». J’y vois surtout une mis en abîme pour le réalisateur qui après un The Fountain absolument étourdissant de beauté plastique en a oublié le fond et l’émotion.
Il trouve ici la perfection, en terme de cinéma technique et d’émotion, mais à quel prix? Personne ne voulait faire se film. Il a du défier tous les studios pour y parvenir. Nina subit les mêmes contraintes. Et elle aussi à sa manière va atteindre la perfection sur scène, dans le ballet final qui au delà de la performance d’une danseuse, montre que jouer une Vie n’est accessible que par son contraire.
Natalie Portman, malgré son jeune âge, tient ici le rôle de sa vie. Son jeu est viscérale. Elle nous fait peur.
Mention spéciale à Wynona Rider qui en seulement deux scènes explose l’écran de sa performance.
Je valide en dansant pour le reste de ma vie donc.
MaT-SaMa